Message pour la semaine de l’unité 2021

Message prêché au temple de Tence le 17 janvier 2021

Lecture de l’évangile selon St. Jean 15/1-17

J’ai retenu pour ce dimanche le texte de l’évangile que les soeurs de Grandchamp, en Suisse ont retenu pour thème de la semaine de l’unité. Un thème que nos soeurs ont focalisé sur le v. 9 « comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé : demeurez dans mon amour ».

Il en va de l’amour de Dieu pour nous comme de la source de l’unité chrétienne et l’image de la vigne est alors une belle image d’unité, une image de communion.

Unité, communion, dans le livret d’explication du thème de la semaine de l’unité, il y a une très belle citation d’un père de l’église Dorothée de Gaza qui explique comment la communion avec le Christ exige que nous soyons en communion les uns avec les autres – le lien à Dieu entraine le lien communautaire. Ce lien de communion avec le Christ et avec les soeurs et les frères, Dorothée de Gaza, moine en Palestine au VIe siècle, l’exprime ainsi :

« Supposez un cercle tracé sur la terre, c’est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. Imaginez que ce cercle, c’est le monde ; le centre, Dieu ; et les rayons, les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les Saints, désirant s’approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu. Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu ».

Cette image du cercle et de ses rayons me semble une très belle image pour dire le rapport les uns avec les autres et du rapport au Christ.

Ainsi dans cette semaine de l’unité nous ne pouvons que redire, une fois de plus que les divisions entre chrétiens, qui nous éloignent les uns des autres, sont un scandale car elles éloignent également de Dieu. Nous pouvons le redire, et le redire dans la prière notamment.

Notre communion fraternelle – au-delà des appartenances ecclésiales témoigne de notre lien au Christ de notre communion à Dieu.

De nombreux chrétiens, attristés par cette situation, prient Dieu avec ferveur pour le rétablissement de cette unité pour laquelle Jésus a prié. La prière du Christ pour l’unité est une invitation à se tourner vers lui et à se rapprocher les uns des autres en se réjouissant de la richesse de notre diversité. Chaque rayon part effectivement dans sa direction, mais il part d’un centre qu’est le Christ.

Comme nous l’enseigne la vie communautaire, les efforts de réconciliation nous coûtent et exigent des sacrifices. Nous sommes portés par la prière du Christ qui désire que nous soyons un, comme Lui est un avec le Père… pour que le monde croie. (cf. Jn 17,21)

Si j’ai aimé l’image du cercle de Dorothée de Gaza, avec ses rayons qui partent d’un même centre, mais chacun vers sa direction ; si j’ai aimé cette image, cependant, dans l’évangile le Christ emploi une autre image : l’image de la vigne, l’image du Cep. Et cette image du Cep de vigne qu’utilise le Christ porte en elle quelque chose d’un élan vital – et c’est quelque chose qui est à mes yeux essentiel et qui échappe peut-être à Dorothée de Gaza. Jésus est le Cep, nous sommes les sarments.

La communion n’est pas qu’un centre donné – elle est un élan vital.
Creusons autour de l’image de la vigne.
Jésus est le cep.
— Le cep, c’est ce qui demeure d’années en années : les sarments qui portent les grappes durent le temps d’une récolte; le cep demeure, toujours le même, solidement enraciné dans le sol.
— Le cep, c’est le lieu de la vie : par ses canaux, il porte la sève vitale jusqu’au bout du plus petit sarment, irriguant la moindre feuille, nourrissant la moindre grappe. Les sarments que nous sommes ne peuvent assumer leur existence, produire leurs propres fruits qu’en restant unis au cep. Loin de lui, ils se dessèchent vite et ne tardent pas à mourir.

Le lien du cep au sarment est un lien vital. C’est vrai dans toutes les terres à vignes. Mais dans l’évangile ce lien vital prend une couleur d’éternité. En effet, les ceps que nous plantons durent le temps d’une génération, mais le cep qu’est le Christ, le crucifié et le ressuscité, dure éternellement. Le sarment soudé au tronc le restera du même coup !

Le même Seigneur qui lui a transmis la vie, comme le cep transmet la sève, continue à le faire encore par delà la mort puisque le Christ ressuscité ne meurt plus.

L’image utilisée par Jésus est donc celle de la vie, d’une vie que distille Jésus le cep; une vie qui coule éternellement dans ses veines et qu’il transmet par sa Parole à tous ceux qui restent soudés à lui; une vie qu’il continue et continuera à transmettre, la mort étant impuissante à interrompre cette communion.

Cette image de vie éternelle me semble complémentaire cette année à l’image d’unité qui a été mise en avant pour cette semaine de l’unité. Oui une image de vie éternelle alors que cela fait un an que nous vivons sous covid, et qu’il a fallu cette semaine encore un tour de vis de plus : un couvre feu à 18 h pour sauver la vie. La communauté de Grandchamp qui a préparé la semaine de l’unité est aujourd’hui en quarantaine, elle a du cesser toutes ses activités d’accueil et même le rythme de sa liturgie.

Avec ce COVID-19 la maladie s’est inscrite eu coeur de nos vies, et la mort frappe avec son cortège de tristesse, son sentiment de vide, quelque fois de désespoir. Un trouble autant légitime qu’incompréhensible.

Mais dans cette situation de trouble et de questionnement c’est aussi le moment de tenir à l’écart tout ce qui nous occupait tant hier encore, qui nous dispersait et qui nous éloignait de l’essentiel. Peut-être malgré les craintes et les angoisses, l’heure est-elle propice pour revenir au cœur de ce qui fait notre existence d’homme et de femme !

Quand tout s’écroule, que nous reste-t-il d’essentiel ? Quand les grandes eaux nous submergent, sur quel rocher pouvons-nous nous agripper pour tenir bon ?C’est au cœur même de cette interrogation vitale que le Seigneur vient nous rencontrer en ce jour par la parabole de la vigne.

Je suis le vrai cep de vigne, vous êtes les sarments et mon Père est le vigneron !

Ecoutons-la une fois encore cette image : « Si vous demeurez en moi et que mes Paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez – ce dont vous avez besoin – traduit la Bible L. Segond – et cela vous arrivera ». Le rapport d’un sarment à son cep est purement mécanique; mais le rapport du fidèle à son Seigneur n’est pas du même ordre : il est fait de communion, de partage, d’échange de paroles.

Quand vient pour toi l’heure du doute, de la tristesse, de la dépression, sache que tu peux parler, que tu peux prier, que tu peux partager avec ton Seigneur. Alors il viendra et essuiera tes larmes.

Dans sa « première méditation sur la mort autrement dit sur la vie » publiée il y a une petite dizaine d’année, le poète François Cheng (de l’académie française) écrit ceci : « Très tôt, j’ai pris conscience que c’était la proximité de la mort qui nous poussait dans cette ardente urgence de vivre, et que surtout la mort était au-dedans de nous comme un aimant qui nous tirait vers une forme de réalisation. C’est ainsi qu’elle opère au sein d’un arbre fruitier, lequel passe irrésistiblement du stade des feuilles et des fleurs à celui des fruits – fruits qui signifient à la fois un état d’être en plénitude et le consentement à la fin, la chute sur le sol ».

Dans l’évangile le Christ ne dit pas que nous sommes les grappes de raisin, nous ne sommes pas les fruits qui soit vont être récoltées et disparaître ou soit vont tomber sur le sol et y pourrir. Le sarment c’est bien un porteur de vie, un élan de vie , ce qui transmet la vie depuis le cep jusqu’aux fruits.

Ce texte de l’évangile est un très beau thème pour cette semaine de l’unité ; une parole à entendre pour nos vies. Comme beaucoup d’images de l’évangile selon Jean, la parabole de la vigne est très riche et porte en elle une multiplicité de sens. Le sens d’une unité en Christ, d’une fraternité à partager dans la foi avec l’ensemble des croyants, une espérance en une vie donnée pour l’éternité malgré la maladie et malgré la mort.

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimez demeurez dans mon amour ».
Que dans cet amour nous trouvions force pour nos vies, nourriture pour notre foi, énergie pour notre espérance.
Christ est vainqueur. Amen.

Benoit, prieur de Caulmont

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