Message pour les 50 ans

En fin de semaine, les 9 et 10 mai, nous aurions dû faire la fête ! Une grande et belle fête pour les 50 ans de la communion de Caulmont. Début mars, nous étions déjà plus d’une centaine d’inscrits, en réunion de responsables les questions que nous nous posions étaient de l’ordre du “comment faire” puisque nous risquions de dépasser la capacité de la plus grande salle de spectacle du coin… 
Puis, le virus a surgit. Depuis nous sommes à l’arrêt.
Pour autant nous pouvons souhaiter un joyeux anniversaire à Caulmont ! 
Célébrer cet anniversaire c’est d’abord être reconnaissant pour l’histoire de ce demi-siècle. Dire à Dieu notre merci pour ce qui s’est vécu. Merci à Dieu, pour l’aventure portée par Myriam et Bernard depuis les années 1970, aventure qui les a portés jusqu’à aujourd’hui. Merci à Dieu pour les 50 ans passés par Myriam et Bernard à creuser le sillon de Caulmont en réponse à l’appel de Dieu avec celles et ceux qui ont partagé cette mission « en mettant la main à la charrue ».  Si je ne peux nommer toutes les personnes mobilisées par ce projet, nous pouvons faire mémoire des lieux traversés : Le Meux, Froberville, Devesset, Saint Pierre la Mer. Derrière ces lieux il y a des visages, nombreux : ceux qui ont partagé la vie commune – 51 adultes et 27 enfants ont porté l’accueil et la prière à travers les années autour de Myriam et Bernard. A ces visages des permanent-e-s s’ajoutent plus nombreux encore les visages de la communion : ceux des ami-e-s et des équipier-e-s qui soutiennent l’accueil et la prière de Caulmont. Oui, merci à Dieu pour ces soeurs et ces frères donnés, partageant la prière simple au quotidien, l’accueil et l’oecuménisme : une communion pour se réjouir !
Pour poursuivre la métaphore du Sillon, et souhaiter un joyeux anniversaire on peut se souvenir de la parole de Jésus dans l’évangile selon Luc « Quiconque met la main à la charrue puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu » (Luc 9, 62). Souhaiter un joyeux anniversaire à notre communion c’est être reconnaissant pour le passé mais aussi entrer dans l’espérance.
Espérance : regarder vers l’avant, plus qu’en arrière. Penser demain c’est d’abord, vous le savez, dire que la célébration prévue de cet anniversaire n’aura pas lieu. Lucidement, compte tenu de ce à quoi le virus nous expose, cette célébration n’aura pas lieu cette année et sans doute pas dans les prochaines années. Selon ce que nous pouvons lire dans les médias, le temps qu’un vaccin soit développé, expérimenté et diffusé, ce virus nous entraine dans une tourmente de plus au moins 3 ans. Peut-être pour ces trois prochaines années, du moins dans une durée conséquente, en espérant que d’ici là d’autres virus ne surgissent pas, il faut penser la vie de la communion, l’accueil et nos projets différemment de ce que nous avons toujours fait. Différemment et d’abord en tâtonnant, car cette situation nouvelle nous projette pour une bonne part dans l’inconnue. Comme une carte d’anniversaire je vous propose de partager ces tâtonnements, d’espérance. 
La vie de la communion : La situation nouvelle créée par le virus a vu se développer les liens numériques. Pourvu qu’Internet tienne le coup ! Grace à ce système de communication nous tenons le lien. La prière du jeudi permet à tous de recevoir chaque semaine par email le psaume du jour. Le temps de « Skype » du jeudi soir permet des échanges à 3 ou 4 et même jusqu’à une petite dizaine de personnes. Ces moyens numériques ne remplacent pas la rencontre. Mais soyons clairs pendant 2 à 3 ans les rencontres physiques vont être limitées : à 10 ? à 20  ? à 50 ? Nous ne le savons pas mais nous ne pouvons plus nous projeter sur une rencontre à 200 comme nous l’avions envisagé pour cette fin de semaine.  Cela veut également dire qu’il va falloir envisager la prochaine rencontre de Toussaint de manière différente que ce qui s’est fait jusque là. Sur le plan légal, un décret a été pris pour permettre aux associations de tenir leurs AG à huis-clos. Sans nécessairement en arriver jusque là car notre réunion n’est pas qu’une AG administrative, si nous voulons que cette rencontre puisse avoir lieu, il va falloir limiter le nombre de présents, et s’organiser pour qu’une partie des participants – personnes à risques, fragiles ou très éloignées – puissent vivre la rencontre à distance. 
La vie de la communion ce sont aussi les publications. Dans “le monde d’avant” il semblait naturel et anodin d’aller à la boite aux lettres et de lire une revue papier que l’on pouvait se transmettre les uns aux autres. Aujourd’hui notre facteur fait sa tournée avec un masque et dépose le courrier avec le moins de contact possible. Sans tomber dans l’angoisse, envoyer du courrier est une mise en danger : pour celles et ceux qui l’expédient et doivent aller dans un centre postal – merci à Myriam et Bernard de poursuivre ce service jusqu’à la fin de l’année -, pour celles et ceux qui le font voyager et le transmettent, pour celles et ceux qui le reçoivent. Bien entendu, il y a des gestes barrières pour rendre les manipulations plus sûres, mais le geste le plus efficace ne serait-il pas de ne plus envoyer de courrier ? Cette question du passage au 100 % numérique sera reprise par le Conseil des responsables (en étant attentifs vis à vis de ceux qui n’ont pas de connexion Internet bien entendu)
L’accueil : Si pour le confinement les perspectives semblent se dégager de manière précaire pour le 11 mai, l’accueil touristique semble être plus compliqué à envisager. Avant le virus, nous avions déjà prévu de réduire l’accueil des individuels de la mi-juillet à la mi-août, pour n’accueillir que les groupes le reste de la saison. Nous n’avons aucune réservation de groupe puisqu’il n’est plus possible de se réunir. La loi de prolongation de l’état d’urgence sanitaire limitera les déplacements à 100 km jusqu’au 24 juillet. En plus du confinement que tout le monde connait, le Préfet de l’Ardèche a pris un arrêté interdisant les locations touristiques et les hébergements saisonniers. Aussi, si nous retrouvons la possibilité d’accueillir, sans doute va-t-il falloir réduire le nombre de personnes accueillies. Si les rassemblements à plus de 10 personnes restent interdits, il semble difficilement envisageable d’accueillir 15 personnes en plus des 6 vivant en permanence sur la maison. Faut-il le dire avec un grand sourire : là, le numérique ne sous sert à rien, nous n’avons pas de solution pour vivre l’accueil à distance ! Derrière cette réduction de l’accueil se dit aussi la réduction de nos revenus et viendra le moment de poser la question de l’équilibre de nos finances – merci à celles et ceux qui nous permettent de faire face. 
Les projets : Depuis l’été et surtout depuis l’automne dernier après la saison d’accueil, les travaux ont commencé à la maison de Hugons pour pouvoir à terme transférer le lieu d’accueil et le siège de la communion. Début mars, le Conseil des Responsables a d’ores et déjà voté le transfert du siège de la communion au 1er janvier 2021 (de St. Pierre la Mer à Hugons). Les travaux se poursuivent comme ils peuvent – certains artisans ne travaillant pas pendant le confinement, il faut adapter le chantier. Mais globalement les choses avancent. Du côté de la maison des Sapins, sans doute que la vente prendra plus de temps car aujourd’hui tout est suspendu de ce côté-là. Ni l’agence immobilière, ni la Safer ne sont opérationnelles actuellement. Avant le confinement nous avions deux acheteurs potentiels qui étudiaient l’achat : un collectif associatif ainsi qu’un couple voulant reprendre une activité de chambres d’hôtes (celui-ci vient de nous annoncer qu’il renonçait). 
Voilà pour quelques tâtonnements envisageant l’avenir de Caulmont avec espérance. Aussi, une carte d’anniversaire digne de ce nom ne se termine pas sans souhaits : 
Puissions-nous rapidement trouver les modalités pour vivre à nouveau l’accueil en liberté même à petite échelle.
Soyons persévérant dans la prière, dans l’unité de toute l’Eglise, prière notamment pour les nombreux malades qui ont été touchés par le virus. Les membres ou proches des membres de la communion que nous pouvons nommer : Hubert, Sarah, Thomas, Rose, Cathel, Maëlle, Axelle… et les nombreux autres que nous ne connaissons pas. Portons-les dans la prière ainsi que les soignants qui nous aident à nous battre contre la maladie. 
Enfin, puissions nous être porteurs d’actes respectueux de la création pour l’avenir, car nos manières de vivre impactent directement la crise que nous traversons aujourd’hui. 
Oui, dans le merci à Dieu pour tout ce qui s’est vécu jusqu’à aujourd’hui et dans l’espérance pour demain, malgré tout : joyeux anniversaire Caulmont ! 
Devesset, le 4 mai 2020, 
Benoit,  Prieur de Caulmont.

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