Prière

Dans la solitude de l’épreuve.

Quand nos angoisses semblent être nos seules compagnes.

Donne-nous de discerner ta présence aux creux de nos vies.

Dans l’isolement des soeurs et frères éloigné-e-s.

Quand les distances les uns des autres sont infranchissables.

Donne-nous de vivre ta présence comme communion entre nous.

Dans les peurs et les manques de joie.

Quand l’avenir est bouché, sans lumière.

Donne-nous ta paix pour entrer en ta présence, dans l’ espérance.

C’est vrai.

Dans le silence du samedi

Dans le silence du samedi saint, la confiance se balbutie.

Timide, elle germe sous la pierre du tombeau encore fermé,

Il faudra l’aube d’un jour de plus pour qu’elle s’ouvre,

Et qu’elle gagne le monde pour aujourd’hui et pour demain.

Dans le silence du samedi saint, nous pouvons reprendre souffle.

Après l’heure sombre et ténébreuse de la croix,

Nous sommes encore vivant,

Avant l’aube, l’alléluia et la joie.

Dans le silence du samedi saint, résonne le silence du monde.

Particulièrement cette année, silence

Imposé par la volonté de sauver sa vie face à la maladie.

Nous sommes encore vivant,

Avec l’aube qui s’espère pour demain,

La confiance se balbutie aujourd’hui en silence.

Pour le jeudi saint

« Tout crie et chante » dit le psaume 65, texte du jour. Ce psaume est littéralement une action de grâce : une eucharistie en grec, comme un lointain échos à ce à quoi nous faisons mémoire en ce jeudi dit « saint ». 

Déjà, souvenons-nous, l’année passée la mémoire du dernier repas avait un goût de cendre pour tout le christianisme occidental et au-delà ; cendres de la cathédrale Notre Dame de Paris dont la charpente millénaire brulât en quelques heures. L’événement semble loin. Cette année, en pleine période de confinement la célébration fait place au silence. Nous ne boirons pas ensemble à la même coupe ce soir. Demain la mémoire de la mort du Christ semblera presque anodine, un détail, face aux statistiques des milliers de morts du coronavirus annoncées chaque jour.

Aussi dans la situation actuelle combien plus terrible, car combien plus mortelle, que celle que nous connaissions l’an dernier, le texte biblique nous interroge : sommes nous encore capable d’eucharistie, d’action de grâce ? Sommes nous encore capable de dire à Dieu notre merci ? A l’image du Christ Jésus encore capable de dire une bénédiction au soir de sa vie, au moment de la trahison, quand tout s’est noué pour lui ?

Nous aurions pourtant une bonne raison de dire notre reconnaissance : car en même temps que nous sommes confinés, refermés sur nous-mêmes, sauvant nos vies en les enfermant, la nature s’ouvre et s’éveille, le printemps dévoile la beauté du vivant s’épanouissant autour de nous. Sur le plateau ardéchois les jonquilles sauvages ont commencé à fleurir depuis les premiers jours du confinement. Même en ville, le ralentissement de l’activité humaine permet de rencontrer des oiseaux que l’on ne voyait plus, et autre faune sauvage. 

Dans ces premiers jours de printemps, alors que nous sommes confinés : sommes nous encore capable de reconnaissance ? Cette question vaut pour aujourd’hui et pour demain, quand nous sortirons du confinement : serons-nous encore capable de dire à Dieu notre merci, malgré tout ? Derrière cette question vient celle de notre discernement : nous ne sommes peut-être pas encore capable de percevoir quels changements s’imposeront à nous après ce temps mis à part. Peut-être commençons nous seulement à percevoir que les choses ne pourront plus être comme avant. « C’est mort ! » disent les jeunes. Sauf à nous aveugler, nous ne pourrons plus vivre comme si de rien était, malgré la tentation d’essayer de faire les choses comme avant.

Mais bien plus que d’essayer de tenir une manière de vivre et de faire, un « système », un mode de vie, dont la mort est annoncée, la foi ne consiste-t-elle pas à discerner ce que cet événement modifie de nos vies, de nos quotidiens, de nos activités, pour abandonner ce qui conduit à la mort, et continuer d’inscrire la reconnaissance, le merci au coeur de nos vies, le merci à Dieu et aux soeurs et frères ? Alors, dans ce discernement et cette reconnaissance, nous pourrons vivre la fraternité d’une communion renouvelée en celui qui est, qui était et qui vient. Alors oui, avec le Christ, avec le « Dieu notre sauveur, sécurité de la terre entière, jusqu’aux îles lointaines » disait le psalmiste, nous serons passé-e-s de la mort à la vie, plutôt que de nous accrocher à ce qui est déjà mort…

Benoit 

Seigneur, pardonne nos fautes contre l’unité de ton peuple et donne-nous une prière unanime pour toutes les femmes, tous les hommes. 

Apprends nous à travailler pour le bonheur des femmes et des hommes, en construisant le monde selon le dessein de ton amour.

Toi qui a donné ta vie pour nous sauver et nous réconcilier, fais de chacun-e de nous des artisans de paix, des bâtisseurs d’amour